Une réflexion autour du sens de la vie

C’est une de ces nuits où je cherche quelque chose pour me réconforter. Je médite et je me concentre...

Mon espoir, j’en ai encore oui, assurément et il vient de ma peur. Il pousse comme un jeune arbre solitaire des cendres de la perte. Et cela va jusqu’au bout du drame, le drame de ma vie. 

Se traînant comme un soldat épuisé, traînant les pieds, rentrant chez lui après une guerre ou une cause perdue. Un soldat poussiéreux qui sourit amèrement, les yeux dans le vague, cachant l’agitation de son cœur endolori mais souriant quand même pour affronter le monde qui n’accepte pas la défaite. 

Le ciel bleu, serein et clair devant lui ne le touche même pas. Et comment cela peut-il le toucher ? Puisqu’après des semaines et des semaines de combats vains, d’hécatombes, de catastrophes, de tempêtes orageuses et de gardes à vous pleins de crasse et de boue, le froid et la fatigue ont eu raison de sa dignité humaine. 

C’est peut-être pour cela qu’il a pensé à ouvrir la boîte à espoirs qu’il tient fermement dans sa main. Une petite boîte vert-émeraude que sa fiancée lui avait offert dans une autre vie. Une boîte qu’il touchait avec ses doigts endoloris à chaque fois que le danger le guettait, à chaque fois qu’il sentait son cœur battre la chamade. Une petite boîte toute amochée qu’il tenait précieusement au fond de sa poche. 

C’est peut être pour cela qu’un doux espoir a émergé soudainement malgré tout, un petit espoir qui persiste à croire encore et encore en l’humanité… Si nous ne donnons pas à l’espoir une chance de s’épanouir, qu’est-ce qui nous aidera à surmonter la souffrance ? 

Bref, le soldat, malgré tout, renaît à la vie, pourquoi pas moi ??!
Que dire d’autres ?

En fait, ce qui se passe, c’est que nous vivons tous parmi tant et tant de choses matérielles qui peuplent le monde, aussi leur avons-nous donné des noms à notre image, ainsi par exemple l’horloge a un visage, la chaise un dossier, la table a des pieds bien robustes qui ne souffriront jamais de fatigue comme les nôtres, qui ne fléchissent jamais… Nous avons garni nos chaussures de ficelles aussi souples que des lanières de roseau, et nous avons suspendu ces dernières à des cloches pour pouvoir les nouer à notre guise. Et parce que nous aimions les silhouettes gracieuses, la bouteille a un goulot long et fin et un fond creux et profond… Même ce qui nous dépasse a été façonné à notre image, nous avons assigné à la terre un cœur, à la tempête un œil, à l’incendie une bouche pour que nous puissions y passer en toute sécurité et fuir les flammes pour survivre encore et encore…

Si on y regarde bien, ce monde est merveilleux. Chaque être qui l’habite a son propre univers, sa propre conception, sa propre philosophie, unique et atypique, ses propres couleurs et son regard qui brille de mille feux. Et les miracles sont formidables ! 

Il nous faut comprendre que nous sommes tous connectés entre nous, sans wifi, que tout est connecté à la vie, que nous pouvons tout écouter parce que tout a un sens, que le hasard n’existe pas, que tout est parfait même si ce n’est pas ce qu’il est censé être, nous devons écouter ce que notre âme nous dit, que nous sommes heureux d’être heureux parce que le soleil, la pluie, la terre et le ciel, parce que tout est magique, tout est précieux, entre les mains de Dieu ! 

Il est aussi temps d’admettre que rien dans ce monde n’a un sens ordonné et précis. Le monde est régi par des lois indescriptibles qui sont loin d’être cartésiennes et immuables. Le monde est complexe et sa beauté réside dans cette complexité même. Personne ne peut prétendre connaître le sens ultime, profond des choses de la vie.  Seuls les imbéciles et les charlatans pensent tout savoir, tout analyser, tout soupeser, tout comprendre. Plus ils sont bêtes, plus ils pensent que leurs horizons sont palpables, contrôlables, maîtrisables. Et lorsqu’un artiste choisit de déclarer qu’il ne comprend rien à ce qu’il voit, c’est en soi une grande clarté de pensée et un grand pas en avant vers la compréhension telle qu’elle se doit d’être.

Seul l’artiste se hisse au-dessus du commun des mortels. Il utilise sa tristesse pour tenter de comprendre le monde. Il n’essaie pas de s’apitoyer sur son sort, au contraire, il fait preuve d’intelligence, de lucidité et de recul. Ainsi, il s’interroge sur lui-même, s’observe avec un certain détachement pour apprendre de ses erreurs.

Les phrases ci-dessous sont très intéressantes pour décrire les artistes. Elles révèlent en quoi l’artiste est supérieure aux communs des mortels. Nous dévoilant ce que nous ne voyons pas imbus de nous même que nous sommes, refusant de voir l’évidence. Ses phrases disent : « Si tu veux comprendre le monde, commence par te comprendre toi-même. »

« L’artiste est un homme qui ne cherche pas à se faire aimer, mais à comprendre ce qui peut être aimé. » 

« L’artiste est un homme authentique qui n’est pas en quête de compassion, mais de compréhension. Pour lui, ce n’est pas le plaisir qui compte, mais la vérité. Ce n’est pas la sécurité ni le pouvoir qu’il recherche, mais l’audace et la liberté. Ce qui est important pour lui, c’est la création, le risque et le danger ! » 

En fait, il n’y a pas de réponses, ni de solutions aux problèmes et aux questionnements qui nous entourent. Il n’y en a jamais eu et il n’y en aura jamais. Tout simplement parce que si les choses avaient une raison d’être palpable et exprimable, elles seraient claires et explicites, non ? Tout serait facile à cerner et à comprendre. Si tout était évident, nous ne perdrions pas notre temps à chercher une réponse à quoi que ce soit, mais nous pourrions simplement en profiter, tout naturellement. N’est-ce pas ?

Finalement, seuls l’artiste et le rat de laboratoire peuvent vraiment profiter de leur existence, car ils ne se cassent pas la tête à se poser des questions inutiles, des questions qui n’ont aucune réponse à fortiori. Le rat de laboratoire s’exécute aveuglément dans des mouvements qui lui sont dictés et l’artiste se laisse vivre sans polémiquer.

Quant aux autres, au reste du monde inconscient, ils passent leur temps à réfléchir, à vendre, à acheter, à négocier et à chercher des réponses…  Et c’est précisément cette quête perpétuelle qui rend la vie si compliquée. Non ?

Il n’y a pas de solution. Pas plus que de réponse au mal-être. Un point c’est tout.

Comme il n’y a pas non plus de solution ni de réponse à la guerre ou à la torture, à la haine ou à la violence. Pas plus qu’il n’y en a à l’angoisse de l’existence. Et surtout, il n’y a pas de solution même à l’art. Il n’y en a jamais eu et il n’y en aura jamais !

Ce qui compte, et ce qui compte vraiment, c’est uniquement le charme, la grandeur, la beauté et l’intensité du moment présent. Notre cruauté et notre grandeur à essayer de vivre notre vie. Notre peur et notre courage à survivre à nos malheurs. Notre vanité et notre générosité à sourire à la candeur et à la bonté. Notre misère et notre grâce ne font qu’un. La beauté de l’art réside dans cette réalité à double sens qui est la nôtre, un point et c’est tout. 

L’art est un miroir qui nous renvoie l’image de ce que nous sommes. Et parfois, il nous renvoie une image qui nous échappe et que nous ne reconnaissons pas. Que nous aimons et adoptons mais que nous ne reconnaissons pas. 

Alors, dites-vous bien que ce n’est pas vous qui changez. Ce qui change au fil du temps, c’est la façon dont vous voyez les choses, votre perception du monde autour de vous. Jamais au grand jamais vous ne devez avoir peur de voir les choses différemment. Si le monde est différent, cela signifie que vous l’êtes aussi, cela veut dire que vous existez. L’art expose le monde tel qu’il est en réalité, sans réponse et sans solution mais le rend plus beau à nos yeux. Il nous permet d’éprouver des émotions dont nous ne soupçonnons même pas l’existence. Et la beauté de l’art réside dans sa capacité à révéler la beauté du monde en la mettant en nous. L’art nous fait voir la beauté qui est en nous.

L’art n’est pas un moyen de communiquer, de comprendre et de trouver. Non, c’est simplement un moyen de s’exprimer, de dire ce que l’on ressent. Et si les autres ne le comprennent pas, cela ne change rien. Parce que ce qui compte, c’est que vous le compreniez vous-même, vous le ressentiez vous-même. L’art n’est pas un moyen de vous faire accepter, c’est un moyen de vous rendre heureux. Et dans cette mesure, si vous ne comprenez pas ce que vous voulez faire ou dire, ce n’est pas grave. Car vous êtes le seul à savoir ce qui vous rend heureux. L’art est un moyen de rencontrer la beauté qui est en vous, sachez-le. Celle qui ne dépend pas du regard des autres. Celle qui va au-delà de toutes les barrières et frontières. Et si les autres ne la voient pas, cela n’a pas d’importance. En effet, la beauté n’est pas un moyen d’être accepté, c’est un moyen de se rendre heureux avant tout ! L’art dans ce sens est égoïste à souhait car  il représente votre véritable raison d’être puisque c’est la façon la plus claire d’exprimer l’essence la plus profonde du monde, la seule façon d’atteindre les choses et leur évidence… Mais, la vérité est difficile à entrevoir par le commun des mortels, seuls les artistes la perçoivent toujours…

Je vais là où je ne devrais pas. J’ai le pouvoir de choisir entre rester à l’écart ou bouger. Pourquoi choisir ? Par crainte d’être blessée ? C’est clair, je ne rentrerai pas dans ce processus d’hésitation non maîtrisée et si vague, là où il fait bon de nager avant de se décider. Je médite et je me concentre… Quelle sera la prochaine étape ? Parfois, dans le brouhaha de ce monde qui s’agite, je pense à tous ceux que j’ai aimé, à tous ceux qui ont été proches de moi, à mes espoirs, mes regrets, mes pertes et le chemin qui reste encore à faire…

Je médite et je me concentre… Quelle sera la prochaine étape ? 

Je ne peux pas me permettre de prendre de tels risques. C’est évident !

Je suis déjà bien assez peu en paix avec moi-même…

Comment pourrais-je agir en plus ? 

Je médite et je me concentre… et alors ?

La contre réaction est invariable, toujours : c’est le repli sur soi… En effet, il est plus simple et plus facile de se tenir à l’écart, de garder ses distances et de se limiter au rôle du confiné, un rôle qui me convient très bien et que je joue avec conviction. Je médite, je me concentre… Et après ? La fuite est une solution si facile. On peut fuir, éviter de se regarder en face, de se confronter, de sortir de sa zone de confort.  S’évader me permet de survivre, et c’est déjà pas mal !

Et enfin, la chose la plus difficile pour moi : comment vivre sans ceux que j’ai aimés ? Comment vivre sans ceux partis pour de bon, disparus à jamais ? Cela paraît si simple pour tout le monde, pourquoi est-ce si compliqué pour moi ??!

Ces gens si forts autour de moi, je ne m’habituerai jamais à eux, à leur présence et à leur manque de respect. J’ai toujours eu peur de devenir comme eux. J’ai toujours craint de leur faire confiance… Si je ne suis pas capable de vivre avec ceux que j’aimais, comment pourrais-je vivre avec les autres ? 

Je médite, je me concentre… Quelle est la prochaine étape ?

C’est bizarre que tout ce remue ménage mais il faut dire que je tente bien de vivre avec les autres, à mes heures, et que je fais tout pour qu’ils ne meurent pas, ni devant moi, ni avant moi. Je fais l’effort de parler aux gens et en même temps, je les évite gentiment et soigneusement. Je n’arrive pas à vivre avec eux, normalement, enfin comme eux disent, vivre normalement. Si j’ai peur de vivre avec eux, c’est parce que je ne veux pas les aimer, je ne veux pas les voir mourir et les perdre eux aussi.  Je ne veux pas qu’ils deviennent fous de chagrin et qu’ils meurent.  Et si je ne peux pas vivre avec eux, comment puis-je apprendre à vivre avec moi-même ? Comment puis-je vivre avec ma tristesse ? Car j’ai aussi peur de vivre sans eux. Dilemme.   

Je ne veux pas qu’ils deviennent complètement fous et qu’ils meurent. Si je ne peux pas survivre à leurs côtés, comment puis-je continuer à vivre avec moi-même ? Non, non, je n’ai pas peur de vivre sans eux, puisque je sais comment y arriver… Je suis assez forte pour survivre.Ma vérité est indéniable et aveuglante. Et si les autres ne la voient pas, ça n’a pas d’importance. Cela ne fait aucune différence pour moi.  L’art de vivre ne signifie pas qu’il faut communiquer à tout prix, c’est un fait à comprendre et à assimiler. L’art de vivre n’est pas une façon d’accepter l’intrusion des autres, c’est une façon d’être heureux avec les autres, à distance des autres. L’art de vivre est une façon de s’exprimer et d’être soi-même. Se libérer des contraintes et des limites. C’est la liberté même. Et si les autres ne peuvent pas le comprendre, qui s’en soucie ?

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